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Loïc MOREL, Président du SEDIMA, et Frédéric MARTIN, Président d’AXEMA, adressent cette semaine une « Lettre Ouverte au Gouvernement Français »

« Si 2021 s’est refermée sur un record de ventes de machines agricoles, en France comme dans le reste de l’Europe, cette année aura néanmoins été marquée par la flambée des prix de l’acier, la pénurie de composants, hydrauliques et électroniques notamment, et de grandes difficultés d’approvisionnement.

Les constructeurs d’agroéquipements espéraient un retour à la normale pour 2022, mais la guerre en Ukraine a stoppé net ces espoirs de normalisation de la situation post-pandémique. Les prix des matières premières sont repartis dramatiquement à la hausse dès le 24 février et désormais, les prix des métaux et de l’énergie battent tous les records. Les tôles en acier départ Europe du Nord se négociaient en janvier 2021 à 680 euros la tonne, puis à 950 euros début janvier 2022, pour atteindre désormais des cours à 1 800 euros la tonne, avec des pointes à 2 200 euros.

Les fournisseurs des industriels, eux-aussi dépendants de chaînes d’approvisionnement largement perturbées, ne sont plus en mesure de garantir prix et délais, et appliquent des hausses de prix sans préavis, à leurs clients qui sont contraints de répercuter à leur tour, en tout ou partie.

L’onde de choc secoue l’ensemble de la chaîne de valeur, et chaque maillon de cette chaîne subit cette crise sans précédent, qu’il soit fournisseur de matières premières, industriel, distributeur ou agriculteur. C’est pourtant bien cette filière dans son intégralité qui est en charge d’assurer l’autonomie alimentaire française et européenne, reconnue désormais comme stratégique.

Dans ce contexte, les industriels sont extrêmement inquiets de l’escalade des difficultés auxquelles ils doivent faire face :

La flambée des prix de l’énergie et de l’acier qui les contraint à de nouvelles hausses de prix, après les fortes augmentations déjà passées l’année dernière (+10 à +15% en moyenne). Cette hausse phénoménale des prix n’est toujours pas suffisante, et de nouvelles augmentations sont aujourd’hui appliquées. Nos entreprises s’interrogent sur la soutenabilité d’une telle inflation et craignent son effet récessif ;

La trésorerie des entreprises est mise à mal, alors que beaucoup d’entre elles n’ont pas réussi à répercuter les hausses de coûts dans leurs prix en 2021. Elles sont aujourd’hui dans une situation critique et doivent avancer des fonds pour assurer leurs approvisionnements, tout en facturant de plus en plus tard. Certaines de ces entreprises pourraient disparaître du fait de cette tension sur les liquidités, qui s’ajoute à la tension sur les marges, et alors que les remboursements des PGE sont prochainement exigibles.

La guerre entre la Russie et l’Ukraine privent les industriels de débouchés en forte croissance. En 2021, ils ont exporté en Russie et en Ukraine des matériels pour une valeur totale de 166 M€ (4% des exportations françaises de matériel agricole), en hausse de +60% par rapport à l’année précédente, principalement des tracteurs, des charrues, des semoirs et des pulvérisateurs. Au-delà de cet impact commercial, plusieurs entreprises disposent en Ukraine et en Russie d’actifs stratégiques en danger : des hommes en premier lieu, des sites de production, des filiales commerciales, des fournisseurs-clés... ;

● Avec ce conflit, les difficultés d’approvisionnements se sont exacerbées et les plannings de production se heurtent désormais à l’imprévisibilité des livraisons, retardées, voire annulées. En conséquence de cette désorganisation, les délais de livraison des machines agricoles se sont allongés en moyenne de 11 semaines par rapport à une situation normale (source : Enquête de conjoncture Axema, 17-31 janvier 2022). Ils sont actuellement de 19 semaines en moyenne, pour l’ensemble des entreprises adhérentes d’Axema, et montent à 30 semaines pour les tracteurs. Sur certains sites de production, des centaines, voire des milliers de machines, sont stockées dans l’attente de pièces pour un assemblage final.

Par voie de conséquence, les distributeurs et concessionnaires sont violemment affectés par cette situation :

● Les hausses des prix d’achat des matériels si elles ne sont pas répercutées en totalité aux agriculteurs, impacteront lourdement l’équilibre financier des distributeurs ;
● Ces augmentations détériorent aussi la relation de confiance entre distributeurs et agriculteurs, construite sur le long terme et essentielle à la bonne vie des affaires ;
● Les dates de livraison non tenues obligent les distributeurs à trouver des solutions alternatives complexes et couteuses pour fournir le cas échéant aux agriculteurs du matériel d’occasion en attente de la livraison ;
● De manière plus générale, la non-livraison des matériels commandés à la date initialement prévue peut mettre en péril la bonne exécution du travail de la saison et hypothéquer les récoltes à venir, dans un contexte de crise alimentaire liée à la guerre en Ukraine : semer, récolter, vendanger, c’est tout une récolte qui peut être compromise ;
● Par ailleurs, la valeur vénale du matériel repris à l’agriculteur dans le cadre de son achat de matériel neuf est forcément plus basse que prévu et déséquilibre la relation financière entre distributeurs et agriculteurs.

Tous ces impacts ne manqueront pas à court terme d’engendrer un fort recul des ventes et désorganisera la production agricole.

Face à cette situation inédite et grave, l’ensemble de la filière, industriels, distributeurs, et agriculteurs, souhaite alerter les responsables politiques français et européens. Ils demandent que leur soit apporté, de façon urgente, tout le soutien nécessaire pour pouvoir faire face aux enjeux alimentaires majeurs encore renforcés par la crise en Ukraine. »

Loïc MOREL, Président du SEDIMA - Frédéric MARTIN, Président d’AXEMA

 

AXEMA : POINT DE CONJONCTURE ECONOMIQUE 2022 DU MARCHE DES AGROEQUIPEMENTS
« Après une année 2021 record, le début de 2022 est très nuancé :

1/ Les ventes en valeur sont toujours en hausse, mais cette croissance s’explique principalement voire exclusivement par l’inflation des prix des agroéquipements :

- La production est en hausse de 6% au 1er trimestre, avec un ralentissement perceptible de mois en mois (+10 en janvier, +6 en février, +4 en mars) ;
- Les importations progressent de +12,5% ;
- Enfin les exportations sont en légère croissance +3%, avec des belles progressions en Pologne et au grand export, mais des baisses vers l’Allemagne et l’Italie. A noter que la France a continué d’exporter en Russie et en Ukraine, mais pour des montants qui ont été réduits de moitié ;
- Tout cela nous donne un marché à +13% au premier trimestre.

2/ En volume, la situation est contrastée selon les familles de produits, avec certaines encore en croissance et d’autres en recul par rapport à l’année passée. C’est un vrai changement par rapport à l’année dernière où toutes les familles étaient en croissance :

Le premier trimestre a été bon dans le matériel de récolte, les tracteurs et la protection des cultures ;
- Mais il a été mauvais pour les chargeurs télescopiques ou le matériel de fenaison ;
- Derrières ces chiffres on sent des situations très contrastées selon les OTEX. Une conjoncture qui est bonne en grandes cultures et en viticulture, mais qui est dégradée, voire très dégradée pour le reste.

3/ Le marché est incontestablement moins porteur que l’année dernière, il a connu un vrai coup de frein en mars. Il y a dans l’air des signes d’un changement de climat des affaires :

Un exemple : France Agrimer nous a appris la semaine passée que seulement 60% du plan de relance sur la modernisation des agroéquipements et la réduction des intrants, doté de 205 m€, avaient été effectivement décaissés, alors que les engagements portaient sur 100% de l’enveloppe. On subodore à ce stade que des projets d’investissements ont été abandonnés ;
- Il y a aussi le baromètre d’Entraid qui montre que les intentions d’investissements dans les CUMA et les exploitations agricoles sont au plus bas depuis 2016 ;
- Tout cela annonce une fin d’année indécise et obscurcit les perspectives de 2023.

4/ Nos entreprises sont très inquiètes quant à l’évolution de leurs marges. 70% constatent une dégradation de leurs résultats en ce début d’année :

En cause, l’augmentation du prix des matières premières, notamment de l’acier, de l’inox et de l’aluminium dont les prix ont plus que doublé depuis 2019-2020. Même si les cours s’apaisent depuis quelques semaines, nous restons à des prix très haut pour l’acier et surtout pour l’inox ;
- Les coûts de production ont pris environ 20% en un an. Tous les acteurs ne sont pas en mesure de répercuter de telles hausses à leurs clients ;
- En plus, parmi les PME, rares sont celles qui jouent la clause d’imprévision et modifient leurs prix de vente avant la livraison, alors que c’est une pratique à laquelle ils sont souvent confrontés via leurs fournisseurs. Ces entreprises subissent actuellement un effet ciseau sur leurs marges ;
- Après la flambée du prix des matières premières, ce sont les salaires qui vont venir impacter les coûts de production dans les prochains mois. Les revalorisations de salaires sont autour de 3,5% en France, (NAO), mais plus fortes encore dans le reste de l’Europe et notamment dans le premier pays de fabrication des matériels : l’Allemagne, où l’IG Metall réclame +8,2% ;
- Au final, l’augmentation des prix (entre 20% et 30% depuis le 1er janvier 2021) pose la question de l’acceptabilité de prix aussi élevés. Pour certains matériels, des seuils psycho- logiques de prix ont été franchis.

5/ Enfin notre profession est confrontée à de réelles difficultés d’approvisionnement, qui se traduisent par des allongements de délais de livraison, qui eux-mêmes pèsent sur la trésorerie des entreprises :

- Les difficultés d’approvisionnement sont plus fortes que jamais. La politique 0 Covid de la Chine a accentué les difficultés à obtenir les matières et les composants nécessaires à la production ;
- Près de la moitié de nos adhérents ont dû arrêter leur production au moins une fois au cours du mois de mars ;
- Les délais de livraison ont été augmenté en moyenne de 11 semaines par rapport à la situation normale, et culminent à 19 semaines / 30 semaines pour les tracteurs ;
- Cela a provoqué des annulations de commandes, parfois et même souvent à l’initiative du fabricant, pas en mesure de livrer à temps ;
- La trésorerie des entreprises est mise à mal entre réduction des marges et allongement des délais de livraison. Crainte d’une vague de défaillance dans notre secteur.

Conclusion :

Le marché devrait croître + 5 à +15% en 2022. Cette croissance s'expliquera uniquement par la hausse des prix, car nous anticipons au mieux une stabilité des volumes vendus sur l'ensemble de l'année. Habituellement croissance signifie hausse des marges et des résultats. Ce ne sera pas le cas en 2022. Une année que l'on prévoit très compliquée sur ce plan. A ce stade, les prévisions pour 2023 sont impossibles. Toutefois, nous nous attendons à un retournement de tendance sur un marché qui est traditionnellement cyclique. »

Sources :

AXEMA : Syndicat Français des Acteurs Industriels de la Filière des Agroéquipements et de l’Agroenvironnement.
SEDIMA : Syndicat National des Entreprises de Service et Distribution du Machinisme Agricole, d'Espaces Verts, et des Métiers spécialisés (élevage, irrigation, viticole-vinicole...).

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Dernière modification le mercredi, 15 juin 2022 11:04

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