Les voies navigables sont des infrastructures de transport bien vivantes. Afin d’en préserver la biodiversité et les écosystèmes, Voies navigables de France (VNF) s’est engagé dans une démarche d’ingénierie écologique exemplaire. Son travail vient d’ailleurs d’être récompensé par le « coup de cœur du jury » du prix entreprises et environnement des prix pollutec. Les explications de Christel Fiorina, chef de projet environnement à la direction interrégionale du nord-est de VNF.

En quoi consiste votre démarche d’ingénierie écologique ?

Très simplement, cela consiste à utiliser des végétaux et des matériaux naturels pour la restauration des berges des canaux en lieu et place des procédés lourds classiques (palplanches en acier et en béton...). Nous privilégions ces techniques alternatives dès que cela est possible. Nous avons sélectionné une dizaine de plantes réputées pour leur qualité d’enracinement et replantons les berges dégradées. Afin d’éviter les invasions biologiques, aucune plante exotique n’est utilisée. Nous prenons soin de ne retenir que des espèces endémiques. En outre, nous ajoutons au couvert végétal de base des mélanges grainiers pour favoriser la biodiversité. Grâce aux racines des plantes, les berges sont stabilisées et solidifiées. Nous utilisons aussi des matériaux renouvelables comme le bois, les géotextiles de coco ou des petits enrochements.

Avez-vous des résultats ?

Il y a maintenant dix ans que nous avons engagé cette démarche (certifiée ISO 14001 en 2005). Nous assurons chaque année des suivis écologiques pour vérifier la performance environnementale de nos aménagements. Le bilan des opérations de restauration des berges est très positif, notamment en matière d’émission de gaz carbonique et de biodiversité. Ainsi, les techniques végétales produisent sept fois moins de CO2 que les techniques classiques. Enfin, en rétablissant le lien entre l’eau et le milieu terrestre, notre procédé favorise les continuités écologiques, dans la logique des trames verte et bleue.

Et concernant la vie piscicole ?

Les techniques végétales améliorent à la fois la productivité et la diversité piscicole. Au bord du canal des Vosges, nous avons installé, à titre expérimental, une mini-frayère pour favoriser la reproduction des poissons et des batraciens. Elle a permis de mettre en évidence la présence de nombreuses espèces telles que l’ablette, le chevesne, le gardon, le goujon ou la perche commune. On y recense également des brochets et des loches, espèces patrimoniales exigeantes. Fort de ce retour d’expérience, VNF envisage de développer les techniques végétales de restauration des berges sur l’ensemble de son réseau, soit 6 100 km de canaux et rivières.

Source : Ministère de l’écologie