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FNB - Fédération Nationale du Bois : En 2018, la crise des exportations du chêne brut prend une tournure de plus en plus inquiétante pour la pérennité de la filière de transformation française

FNB - Fédération Nationale du Bois : En 2018, crise des exportations du chêne brut FNB - Fédération Nationale du Bois : En 2018, crise des exportations du chêne brut

Pour la Fédération Nationale du Bois « l’hémorragie de chêne brut à l’exportation s’aggrave » et en France c’est véritablement « la chronique d’une catastrophe annoncée » car notre pays continue de creuser son déficit du commerce extérieur. En effet, avec +20% de chêne brut exporté vers la Chine au 1er trimestre 2018 par rapport au 1er trimestre 2017, les prévisions pour 2018 sont d’1 grume sur 3 exportée contre 1 sur 4 en 2017. Par voie de conséquence, la crise des exportations du chêne brut prend une tournure de plus en plus inquiétante pour la pérennité de la filière de transformation française. Toutefois, la Fédération Nationale du Bois (FNB) et des professionnels de 15 secteurs industriels avaient alerté le Gouvernement. Alors que des mesures concrètes se font toujours attendre, la situation continue de se détériorer et de plus en plus de bois échappe aux transformateurs français.

Au 1er trimestre 2018, plus de 92 000 m3 de chêne brut ont pris la direction de la Chine, soit +20% vs le 1er trimestre 2017. Une hausse qui s’additionne à celle déjà subie en 2017. À ce rythme, la Chine, qui représente 70% des grumes exportées, captera 420 000 m3 de chêne brut français en 2018, contre 350 000 m3 en 2017. Toutes destinations confondues, 1 grume sur 3 sera ainsi exportée en 2018 (600 000 m3) contre 1 sur 4 en 2017 (500 000 m3). Pendant ce temps, la France continue de creuser son déficit du commerce extérieur.

La note de conjoncture Agreste du ministère de l’agriculture de mai 2018 confirme l’analyse des industriels : en 2017, les exportations de chêne brut ont bondi de 45,8% pour atteindre 87 millions d’euros. Si ce volume avait fait l’objet d’une transformation en France sous forme de sciages ou parquets avant exportation, il aurait procuré emplois, valeur ajoutée et devises dont la France a besoin. Pour mémoire, d’après une enquête réalisée par la FNB pour le cabinet du ministre de l’Agriculture, le manque de bois pour les scieries chêne est actuellement de plus de 400 000 m3.

Les entrepreneurs ont le sentiment d’être abandonnés, d’autant que le chêne soustrait est un bois dont la qualité n’est plus à prouver. En effet, le prix des grumes exportées en Chine reflète la qualité d’un bois qui pourrait être transformé en France. En mars 2018, ce prix s’élevait à 358,58 dollars/ m3 (CIF c’est‐à‐dire un prix rendu Shangaï), contre encore 259,22 dollars/ m3 en 2017, soit un bond de +38% en 1 an. Cela correspond à un prix moyen pour les propriétaires de 170 euros/ m3. Les grumes exportées sont donc bien confisquées à la transformation française par des traders, pour moitié établis hors de France, et qui continuent de prospérer en mettant en danger une filière industrielle française emblématique.

En outre, la crise s’étend et touche désormais la Belgique et l’Allemagne. Faute de mesures de sauvegarde, ces deux pays représentent, avec la France, 60 à 70% de l’approvisionnement de la Chine en chêne blanc sous forme de bois brut. Une aberration économique et écologique.

26 000 emplois français en danger

La situation est catastrophique et met en danger les 26 000 collaborateurs exerçant directement dans la filière chêne. Les scieries ne sont plus que 550 sur le territoire, contre encore plus de 900 en 2005. En effet, la transformation du bois génère 10 à 20 fois plus d’emplois que l’exportation de bois brut : on ne compte qu’un emploi en France pour 10 000 m3 de grumes exportés contre 10 à 20 emplois pour 10 000 m3 de grumes transformés sur le territoire.

L’exportation de bois brut induit une perte cumulée de valeur tout au long de la chaîne : les transformations successives induisent de l’emploi en France, des recettes fiscales à chaque stade comme la TVA, les charges sociales et patronales, la fiscalité locale, etc.

Le maintien de la transformation du bois vitale pour la filière

En avril 2018, lors de sa visite d’une scierie dans les Vosges, le Président de la République Emmanuel Macron a souligné l’importance de la filière de transformation du bois en France. Il a rappelé : « Le bois est une filière que nous devons développer en France. Il y a trop peu d’emplois créés (...) Il faut donc mettre en place une politique volontariste, sur laquelle nous allons travailler avec la filière. »

C’est pourquoi les professionnels de la filière forêt‐bois, réunis au sein de la Fédération Nationale du Bois, appellent à relocaliser la transformation des grumes en France, là où elles sont produites et issues de l’héritage et du savoir‐faire ancestral des forestiers français. Soutenue par les Français, qui sont plus de 9 sur 10 (91%) à se dire favorables à une initiative de l’État visant à limiter les exportations de bois brut français, la filière demande des mesures techniques d’urgence en faveur de la transformation du bois en France pour limiter les fraudes à l’exportation de grumes de chêne, rééquilibrer l'approvisionnement des scieries françaises et enfin favoriser le marché national et l’exportation des produits transformés à base de bois Made in France.

Les Français plébiscitent la transformation du bois français sur le territoire hexagonal 

Les Français sont quasi‐unanimes : 98% estiment préférable d’encourager la transformation du bois français en France. Pour 95% d’entre eux, les aides financières de l’État doivent même être réservées aux professionnels français du bois favorisant sa transformation en France.

Il faut dire que les Français ont un très fort attachement pour l’ensemble de la filière forêt‐bois française : plus de 9 sur 10 (94%) jugent qu’elle doit être soutenue, car elle favorise le « Made in France ». Ils sont ainsi 9 sur 10 (90%) à estimer que cette filière représente un atout économique important pour la France. De plus, ils sont près de 9 sur 10 (89%) à estimer qu’elle contribue à entretenir les forêts et les paysages français et 87% qu’elle participe à l’aménagement des territoires hexagonaux.

Pour en savoir plus :  Fédération Nationale du Bois

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Dernière modification le jeudi, 17 mai 2018 22:09

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