Après concertation du comité interministériel consacré au Grand Paris et des équipes de l’AIGP*, Manuel Valls annonçait mardi dernier un programme de 810 millions d'euros pour transformer les autoroutes et voies rapides d'Ile-de-France, avec un accent particulier sur leur intégration paysagère. L’Unep – les entreprises du paysage – salue cette initiative destinée à améliorer le cadre de vie des Franciliens, en accord avec les préoccupations environnementales actuelles (Plan paysage de Ségolène Royal, COP 21…). Découvrez, dans cet article, les explications de Catherine Muller, présidente de l’Unep,  Thierry Othnin-Girard, consultant et auteur pour l’Unep de l’étude Grands Donneurs d’Ordre*** et Marc Loiseleur, adhérent de l’Unep et Président de Qualipaysage…

Catherine Muller, présidente de l’Unep, explique : « Le souhait de Manuel Valls est en accord avec le nouveau modèle émergeant des autoroutes françaises. Ouverture des airs de repos  sur la campagne environnante, création d’espaces de loisir attractifs grâce à la qualité de leurs aménagements paysagers… c’est un véritable changement de paradigme qui ne pourra se réaliser que grâce au savoir-faire des professionnels du paysage. ».

Des autoroutes en symbiose avec les enjeux de la ville verte

Loin de l’image aseptisée qu’elles ont pu renvoyer, les autoroutes de demain se veulent en cohérence avec les enjeux de la « ville verte » pensée par les décideurs publics : attentive à la biodiversité, ouverte sur la nature, à l’entretien écoresponsable… Le projet du Grand Paris ne fait pas exception à cette tendance, avec l’annonce de Manuel Valls d’un programme de 810 millions pour une meilleure insertion paysagère des autoroutes et voies rapides dans la ville. Il s’agit d’une opportunité à saisir pour accélérer le mouvement et transformer véritablement les autoroutes en corridors écologiques avec pour priorité les voies rapides reliant Paris aux aéroports, ou encore l’A6.

Catherine Muller déclare : « Le souhait de Manuel Valls d’une meilleure insertion des autoroutes dans leur environnement est en accord avec le nouveau modèle émergent des autoroutes françaises. Ouverture des aires de repos sur la campagne environnante, création d’espaces de loisir attractifs grâce à la qualité de leurs aménagements paysagers, zones de parking ombragées pour éviter le phénomène « ilot de chaleur »… c’est un véritable changement de paradigme qui ne pourra se réaliser que grâce au savoir-faire des professionnels du paysage. Le Grand Paris a une carte à jouer dans ce cadre pour servir de modèle référent. L’Ile de France compte 800 km d’autoroutes urbaines actuellement gérées par la DiRIF**, ces aménagements pourraient représenter jusqu’à 500 créations d’emplois. »

Une des gageures que ce plan aura à relever sera notamment de mettre en place des bords d’autoroute qui contribuent « activement » à la continuité écologique, comme l’explique Thierry Othnin-Girard, consultant et auteur pour l’Unep de l’étude Grands Donneurs d’Ordre*** qui a interrogé les principaux acteurs autoroutiers sur la question :

« Peu de personnes savent que le cahier des charges des autoroutes françaises gérées par des acteurs privés (concessionnaires) comporte un volet environnemental avec de nombreuses mesures  en faveur de la biodiversité, de la protection des espèces ou encore de l’obligation de traitement des eaux de pluie pour éviter qu’elles n’entrainent des polluants dans le sol. C’est une donnée que le plan de Manuel Valls devra prendre en compte dans le réaménagement de ces espaces précédemment gérés par les collectivités territoriales. »

Une végétalisation clé pour la biodiversité et la durabilité des infrastructures

En dehors des parcs, jardins et réserves naturelles, les autoroutes de France sont parmi les premiers vecteurs d’espaces de nature puisque pour 1 km d’autoroute, on compte environ 4 hectares d’espaces verts (avec en moyenne 10 à 15 mètres de part et d'autre des voies). Estimés à 38 600 hectares sur toute la France****, ces espaces jouent un rôle clé dans la préservation de la biodiversité, comme l’explique Marc Loiseleur, adhérent de l’Unep et Président de Qualipaysage :

«  Les espaces végétalisés des autoroutes urbaines sont la « couture naturelle » entre ville et voierie. A ce titre, ils assurent à la petite faune (petits mammifères, oiseaux, batraciens, reptiles, insectes...) et à la flore « spontanée » un lieu de vie dédié où ils n’entrent pas en concurrence avec le bâti. Paradoxalement, les abords de l'autoroute sont un véritable réservoir biologique ! »

Autre atout, si les autoroutes représentent un obstacle souvent difficile à franchir, les plantes et animaux continuent de se déplacer le long de l’axe de circulation, ce qui facilite la migration des espèces sur de longues distances à travers l’effet « corridor ». Les aménagements paysagers ont également un rôle important dans la pérennisation des infrastructures, notamment contre l’érosion des sols par l’écoulement des eaux de pluie et en faveur de la consolidation des talus, ce qui évite les glissements de terrain. Le système racinaire des arbres par exemple permet de drainer, et donc d’assécher rapidement les sols. La végétation va également constituer un paravent très efficace ainsi qu’un isolant phonique contre les nuisances des véhicules.

* L’Atelier international du Grand Paris (AIGP), créé en 2010, réunit 14 équipes d’architectes retenues pour établir un diagnostic prospectif, urbanistique et paysager, sur le Grand Paris à l’horizon d’une trentaine d’années. Installé au Palais de Tokyo, l’AIGP poursuit ses missions initiales de débats, de recherches et de propositions.
** Direction des Routes Île-de-France
*** Etude Unep, 2014, Grands donneurs d’ordres : Étude sur la sous-traitance vers les entreprises du paysage
**** source : ASF, association professionnelle qui regroupe tous les acteurs du secteur de la concession et de l'exploitation d'autoroutes et d'ouvrages routiers.

A propos de l’Unep-les entreprises du paysage :

L’Unep est la seule organisation professionnelle représentative des 28 400 entreprises du paysage reconnue par les pouvoirs publics. Ses missions consistent à défendre et promouvoir les intérêts de la profession, mais aussi à informer et aider ses adhérents (70% d’entre eux ont moins de 10 salariés) dans leur vie d’entrepreneur. Son organisation en unions régionales lui permet d’entretenir des relations de proximité avec ses adhérents.

A propos de l’Observatoire des villes vertes :

L’Observatoire des villes vertes a pour objectif de développer la réflexion sur les perspectives de la ville verte en France et de promouvoir le foisonnement d’initiatives végétales en milieu urbain. Créé en 2014 par l’Unep – les entreprises du paysage – et Hortis, organisation rassemblant les responsables d’espaces nature en ville, l’Observatoire des villes vertes propose des cartographies dynamiques qui recensent les projets remarquables en matière d’aménagement paysagers urbains, des focus sur les tendances de demain, ainsi qu’un « laboratoire » où se mêlent divers sondages et études sur le thème du végétal.

Sources : l’Unep-les entreprises du paysage / l’Observatoire des villes vertes