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Tribune Libre accordée à Jean-Marc LANCELIN - Président de MMEnvironnement : « Le désherbage alternatif dans les lieux publics, pour ou contre ? Une méthode efficace ou pas ? »

MMEnvironnement : Le désherbage alternatif dans les lieux publics MMEnvironnement : Le désherbage alternatif dans les lieux publics ©2022 MMEnvironnement

« Après plus d’une décennie de tergiversations, le couperet est tombé ! A partir du 1er juillet 2022, l’interdiction d’utiliser les produits phytopharmaceutiques va concerner la quasi-totalité des lieux situés dans les zones non agricoles, soit, tous les lieux publics (y compris les cimetières), sans oublier aussi les propriétés des particuliers.

En 2010, 68% des collectivités et 95% des paysagistes étaient contre les méthodes de désherbage alternatif. Aujourd’hui, il reste encore 60% des communes et pratiquement 70% des entreprises de parcs et jardins qui sont peu enthousiastes à mettre en œuvre ces nouvelles méthodes de travail, sans doute parce que l’on entend tout et n’importe quoi à leur sujet : méthodes contraignantes, inefficaces, coûteuses…, qui sont autant d’arguments pour ne pas accepter ces méthodes encore mal connues.

Il faut dire aussi que les fabricants de produits phytosanitaires, pardon « phytopharmaceutiques » (mot est plus doux à l’oreille), ont eux aussi œuvrés pour discréditer ces méthodes. La faute en revient aussi à certains pseudo fabricants qui, voyant là une nouvelle opportunité financière, se sont mis à « assembler » des composants pour fabriquer des soi-disant machines de désherbage.

Le désherbage alternatif, c’est un métier à part entière : en effet, on ne désherbe pas des pavés comme des allées gravillonnées, on ne traite pas les lichens comme les orties, l’approche et les techniques n’étant pas les mêmes.

Pour ma part, je n’ai pas la prétention de tout connaître, mais cela fait pratiquement quarante ans que je m’intéresse aux différentes méthodes permettant de faire baisser de façon raisonnable, pour ne pas dire « écologique », la pression des herbes indésirables, et cela fait trente ans que je conçois des méthodes de désherbage et que nous concevons avec nos partenaires du matériel de désherbage alternatif spécifique.

La technologie et les matériaux évoluant, nous avons mis au point de nouvelles machines et techniques de désherbage plus innovantes afin de permettre aux utilisateurs de gérer efficacement l’enherbement et la destruction des graines indésirables.

Grâce à nos méthodes et machines, nous sommes arrivés pour nos clients maraîchers à gérer cette action en pré et en post-levée. Nous sommes aujourd’hui capables de gérer la pénétration de la chaleur produite par nos machines à des profondeurs de 0,1 à 5 cm. Aujourd’hui, nous concevons nos machines en fonction des différentes spécificités et types d’enherbements.

Contrairement à toutes les allégations que nous entendons, les méthodes alternatives de désherbage sont efficaces et rentables, à condition d’utiliser le matériel adapté et d’appliquer les méthodologies de travail. Il faut arrêter d’écouter ceux qui ne connaissent rien à ces méthodes !

Pour l’environnement, il n’est pas conseillé d’utiliser un seul type de désherbage alternatif, mieux vaut combiner deux voire trois méthodes en même temps, et ce afin d’augmenter l’efficacité, la rentabilité et la pérennité de votre travail.

A ce jour, nous recensons 3 méthodes de désherbage alternatif pour l’environnement : il s’agit des méthodes mécanique, thermique et électrique (cette dernière étant trop dangereuse à mon goût).

Les méthodes mécaniques et thermiques sont divisées en plusieurs familles. On en compte deux pour le désherbage mécanique (scalpage/binage et système de brosses), neuf pour le désherbage thermique (flammes directes, infrarouges, infrarouge flammes indirectes, air chaud, vapeur, vapeur & eau bouillante et eau chaude).

Le désherbage mécanique est rapide mais n’a aucune efficacité sur les graines, d’où l’utilité de le coupler à une méthode thermique. Il est pratique pour reprofiler les allées, mais attention à ne pas l’utiliser comme un décompacteur, au risque de rendre impraticables les chemins qui viennent d’être désherbés. Le désherbage avec un système de « brosses » est un très bon système, mais là aussi attention aux opportunistes qui proposent tout et n’importe quoi au risque de déchausser pavés et bordures.

Il faut donc faire le bon choix : les machines les plus efficaces - mais aussi les moins impactantes mécaniquement sur les revêtements et les moins contraignantes pour le bien-être de l’utilisateur - sont celles dont la ou les brosses sont alimentées par un système hydraulique (douceur dans l’exécution), à condition toutefois de choisir le bon « brin » de désherbage. Cependant, la contrainte de cette méthode est le ramassage des déchets.

Pour compléter l’efficacité de cette méthode, il est conseillé d’adjoindre une méthode thermique quelques jours après le passage. En effet, le désherbage avec un système de brosses a permis d’extirper une partie de la plante et a fait remonter la petite graine qui, d’ici quelques jours, germera et là, seul un désherbage thermique sera efficace.

Le désherbage thermique à flammes directes est quant à lui une méthode très énergivore, pas toujours efficace et qui peut s’avérer très dangereuse (risque d’incendie élevé, irradiation des végétaux…).

Le système infrarouge flammes indirectes est celui que je préfère pour sa facilité de mise en œuvre, sa consommation raisonnée, sa sécurité pour l’utilisateur et son environnement et surtout en raison d’un très bon débit de chantier.

Le désherbage à air chaud, qu’il soit pulsé ou non, est une méthode pour la promotion de laquelle de grands mots sont employés, alors que le gaz est naturellement pulsé par la simple pression du débit de la bouteille et du régulateur de pression. Le véritable air chaud pulsé étant celui qui est « propulsé » par un système de ventilation mécanique.

Il ne faut surtout pas se laisser berner par ceux qui promettent zéro risque d’incendie avec une lance miracle. En effet, toute buse diffusant de la chaleur grâce à une flamme en sortie peut déclencher un incendie, ainsi que de graves brûlures.

Seules les plus grosses unités, poussées ou portées, limitent réellement, en raison de leur conception, le risque d’incendie. Cette méthode est très appropriée dans les endroits plus ou moins sensibles.

Un système de lance à air chaud n’a aucune action sur les graines dans le sol, le seul système à air chaud pulsé qui a une action de destruction de la protéine des graines qui se trouvent dans le sol étant les machines à air chaud conçues sous forme de four. Mais l’action sur les graines se limite à celles qui se trouvent dans les 2-3 premiers millimètres. Concernant cette méthode, il faut savoir que la vitesse de travail maxi sera de 2 km/h (et de 3,5 km/h pour les grosses unités).

L’infrarouge est une méthode très efficace quand elle est bien appliquée, mais là aussi la vitesse de travail est un facteur limitant.
En ce qui concerne l’eau chaude, il ne s’agit pas d’une méthode de désherbage pour les pros : gardons l’eau chaude de la cuisson des pommes de terre pour le particulier et ses petites allées !

Que dire sur les méthodes de désherbage à vapeur sinon qu’il s’agit là d’un vaste sujet, pour ne pas dire d’une grosse escroquerie, puisque nous y trouvons de tout. Le principe du désherbage avec de l’eau bouillante, de la vapeur ou vapeur & eau bouillante est en soi un bon procédé, à condition toutefois d’être conscient du fait que, pour bien désherber, il faut allier de l’eau très chaude (minimum 125°C) - faute de quoi seule la partie aérienne de la plante va frisoter - et du débit, car désherber avec de la vapeur sèche étant une hérésie.

L’eau est un conducteur naturel qui, lorsqu’elle est chaude, « brûle » ce qu’elle touche, et qui, quand elle est bouillante, détruit. Pour moi, le meilleur principe est celui qui combine vapeur et eau bouillante. La vapeur englobe la plante, détruisant ainsi les cellules, et l’eau bouillante brûle le corps de la plante en dégoulinant et va de cette façon détruire les radicelles et petites racines dans le sol.

Certains diront que ces machines sont consommatrices d’eau et c’est vrai. L’eau n’est cependant pas perdue, puisqu’elle retourne à ses origines. En outre, rien n’interdit de capter l’eau de pluie, en prenant soin toutefois de la stocker filtrée et dans des cuves opaques afin d’éviter la prolifération des algues. La contrainte majeure avec ces machines est le calcaire et sa bonne gestion.

Pour toutes ces méthodes, quelle qu’elles soient, la formation est primordiale. Être bien formé permet de bien utiliser le matériel, d’appréhender avec efficacité son chantier, de travailler en toute sérénité et en totale sécurité. Pour cela, il ne faut pas hésiter à faire appel à des professionnels spécialisés et qualifiés dans ce type de formation et fuir les individus qui, sous prétexte qu’ils ont allumé une lance de désherbage un fois dans leur vie, se disent experts en utilisation de ces matériels ! »

Jean-Marc Lancelin, Président de MMEnvironnement

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Dernière modification le mercredi, 25 mai 2022 20:48
La Rédaction

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